Le Christianisme fut introduit en Vivarais à la fin du IIe siècle.
Saint-Andéol, vaillant évangéliste, venu de Smyrne, y meurt martyr en
l'an 208. D'autres missionnaires, Saint Fortunat entre autres,
continuent son œuvre. Les prêtres et moines parviennent peu à peu à
évangéliser les montagnes vivaroises.
L'année 1517 est
considérée comme l'année de naissance de la Réforme, à Wittemberg en
Saxe, lorsque Luther proposa 95 thèses de réforme de l'église
catholique, son église, dont il était docteur en théologie. Il prône un
retour aux sources de la foi chrétienne : Bible, Foi, Grâce . Il refuse
tout ce que la tradition romaine a ajouté à ces sources, notamment la
papauté et le culte des saints et de la Vierge. Son excommunication en
1621 signa la création d'une nouvelle église indépendante de Rome.
idées de la Réforme (1528-1562)
La Réforme, prêchée dés 1528, se répand rapidement dans la plus
grande partie du Vivarais, une terre qu'il a marqué profondément et qui
a gardé le souvenir de l'histoire mêlée de violence et d'enthousiasme
du peuple
huguenot,
de son combat pour le droit à la tolérance et à la différence. Les
guerres de religion, l'Édit de Nantes, le siège de Privas en 1629, puis
le "Désert" ont, à la fois concentré et consolidé l'implantation
protestante.
En 1528 un premier signe de la Réforme
apparaît à Annonay: le moine luthérien Étienne Machopolis, "qui avait
pris la peine d'ouïr Martin Luther, en personne, au pays de Saxe", y
prêche contre les abus et superstitions de l'église. Un de ses
successeurs, Étienne Rénier est arrêté et brûlé vif à Vienne dans la
Drôme.
Des Eglises sont "dressées" à Aubenas;
Villeneuve-de-Berg; Viviers; Privas; Meyras: Thueyts; Macheville, entre
1560-1562; à Annonay, 1561-1562; à Largentière et Uzer, 1561 et 1562.
En 1534, des foyers d'"hérésie" sont signalés à Privas et au collège de
Tournon.
Durant cette période, les Catholiques se battent contre les les
Calvinistes Huguenots pour le contrôle de la monarchie. La faiblesse
des deux rois Charles IX (r.1560-74) et Henry III (r.1574-89) a permis
des rivalités aristocratiques contre les lignes religieuses. La
minorité des Huguenots, menée par Gaspard de Coligny et Louis I de
Conde, fut supportée de 1562 à 1576 par des armées Protestantes dans
leur conflit avec le pouvoir Catholique. Un temps il sembla que la
France allait devenir protestante.
la première moitié du XVIe siècle, les Réformés deviennent un parti
politique. Une main mise protestante s'effectue sur les grandes villes
: Privas, Aubenas, Annonay. On se dispute principalement les nœuds
routiers comme le Pouzin et Baix. Les états du Vivarais se scindent en
États catholiques et États protestants. Deux gouverneurs se partagent
le pouvoir. En 1569, les protestants occupent la moitié du Vivarais.
La scission entre les deux religions provoque
des affrontements qui se cristallisent avec les Guerres de religion
(1565 – 1598). Occupant une position stratégique entre Genève et le
Languedoc, le Vivarais subit de plein fouet les guerres de Religion.
En 1598, l’Edit de Nantes organise enfin la coexistence des catholiques et des réformés.
La
révocation de l’Edit de Nantes en 1685 met finalement le protestantisme
hors la loi. 2 500 à 3 000 Vivarois quittent alors la France en
direction des pays protestants tels que la Suisse, les Etats Allemands,
les Pays-Bas, la Scandinavie et les Iles Britanniques.
Malgré
cette condamnation du culte protestant, nombre de huguenots refusent de
capituler. Plusieurs milliers de protestants organisent clandestinement
des assemblées pour exprimer pacifiquement leur foi. A partir du milieu
du XVIIIème siècle, elles se tiennent de jour, en montagne ou dans les
grottes de Vallon-Pont-d’Arc ou des Vans.
Le pouvoir répond par
une répression très vive ; plusieurs centaines de personnes sont
emprisonnées, envoyées aux galères ou massacrées.
Afin de mieux
contrôler ces mouvements de résistance qui inquiètent le pouvoir,
l’intendant du Languedoc décide la construction d’un réseau routier en
Ardèche et en Cévenne pour faciliter l’envoi de troupes et le passage
des canons. En Boutières, une route royale relit désormais Privas au
Cheylard via Saint-Pierreville.
Elle prend le nom de « Route des
dragonnades » en mémoire du rôle joué par les dragons du roi Louis XIV
dans la répression des réformés et les abjurations forcées.
Il
faudra attendre 1789, avec la Déclaration des Droits de l’Homme, pour
voir les protestants définitivement reconnus comme des citoyens à part
entière, libres de pratiquer leur foi.
Au début du XIXème siècle, l’Ardèche compte 34 000 protestants pour 290 000 habitants.
Privas, ville protestante
Vite
perméable aux idées de la Réforme, Privas, protégée par ses
fortifications, devient en 1598, le centre administratif protestant du
Vivarais. Après La Rochelle, Privas est une des premières villes visées
par Richelieu qui veut briser le pouvoir des protestants. Refusant de
se soumettre, elle est assiégée par les troupes royales, commandées par
Louis XIII.
En 14 jours, celles-ci viennent à bout des 1700
combattants de la garnison protestante. Le 28 mai 1629, Privas tombe,
pillée et incendiée.
Les grottes de la Jaubernie
Situées
à proximité de Privas, ces habitations troglodytiques, peuplées depuis
la Préhistoire, auraient été fortifiées lors des Guerres de religion
afin de servir de refuges aux huguenots. Certaines ont conservé en
partie leur appareil défensif des XVIème et XVIIème siècles.
On retrouve le même type de grottes, appelées "balmes", aux alentours de Villeneuve-de-Berg (Balmes de Montbrun).
L’édit de Révocation (1685) ôtait toute existence légale aux
protestants français. Ils subirent des humiliations : concubinage au
lieu de mariage, leurs enfants "bâtards" n'avaient pas d'existence
légale, ils étaient incapables d’hériter ou de travailler, leurs morts
étaient ensevelis à l’extérieur des cimetières...La fidélité héroïque
des Pasteurs du Désert les sauva de la destruction et apporta au pays
la liberté.
Antoine Court, le pionnier de la restauration du protestantisme en France au 18ème siècle,
naquit le 27 mars 1695 à
Villeneuve-de-Berg,
dix ans après la révocation. La guerre des Camisards venait de finir.
Son père était Jean Court, sa mère Marie Gébelin, il fut baptisé
catholique, en dépit des convictions religieuses de ses parents. Son
père mourut en janvier 1700.
A l'âge de 7 ans, Marie Court
conduisit son fils à l’école et demanda l’application des corrections
nécessaires. Antoine craignait le fouet plus que la mort et apprit en 3
ans tout ce que pouvait lui enseigner le maître.
Elevé dans
la foi réformée par sa jeune mère veuve, en des temps où il était
dangereux de se réclamer de la Réforme évangélique, Antoine, avide de
savoir, fréquente par obligation les petites écoles catholiques de
Villeneuve-de-Berg. Il était encore jeune lorsqu’il assista aux côtés
de sa mère aux assemblées nocturnes du
Désert dans la ferveur des prières et de lecture de la Bible,
il y rencontre les prophétesses dont il condamnera plus tard les excès.
Son chemin était donc tout tracé...
En 1713, à 18 ans, quoiqu'il ne fût pas encore pasteur, mais simple
proposant ou "prédicant", il fit part à sa mère de ses nouveaux projets
: "Mère, les derniers pasteurs sont morts ou
exilés, les Eglises réformées sont perdues s’il ne se lève de nouveaux
ministres de l’Evangile. Avec l’aide de Dieu, je serai un de ceux là ".
Il commença, en 1715, à parcourir les Cévennes,

à
rassembler ses frères, d'abord au nombre de dix à douze, puis de quinze
à trente, soixante, au plus cent personnes, dans quelque caverne ou
grange écartée. Il convoque, rassemble et apparaît de plus en plus
comme un chef spirituel. Une chaire portative était dressée (meuble
formé d'un double X en bois, supportant, vers sa base, un plateau où
montait le prédicateur), chacun sachant que l’officiant risquait sa
vie. Intrépide, indifférent au danger, toujours en marche, il incarnait
aux yeux des quelques protestants qui se sentaient abandonnés, un
guide.
En 1729,
Antoine, pourchassé et menacé, se rend à Lausanne en Suisse, terre "du
refuge". Il anime à Lausanne le séminaire qui forme les
pasteurs du Désert et appelle à la solidarité internationale
envers les victimes des persécutions.. Il continuera cependant à
former des jeunes envoyés de France.
Dans sa maison natale une exposition permanente lui est consacrée à
l'Hôtel de Malmazet à Villeneuve de Berg.
Les
temples avaient été rasés, 1500 ministres expatriés, les livres de
piété et les bibles brûlés. Les fidèles emprisonnés en grand nombre, la
potence, les galères, la roue et le bûcher constituaient le destin des
protestants. Leur détresse s’exprima sur un des premiers sceaux de
l’Église du Désert. Il représente la barque des disciples, couverte par
les vagues, entourée de l’inscription: « Sauve-nous, Seigneur, nous
périssons! »
Entre 1685 et 1787, les protestants français sont persécutés pour
leur foi: destruction des temples (le millier de temples de 1598
disparaitra avant octobre 1685, sauf un !), galères, emprisonnements…
200.000 protestants français s'exilent en Europe et dans le monde (pays
du refuge). Le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le roi
Louis XIV, par l'Edit de Fontainebleau révoque totalement l'édit de
tolérance signé à Nantes par son grand-père Henri IV en 1598. Il
précise les mesures qui préviendront tout retour à l'ancienne doctrine
: les temples sont rasés, les pasteurs envoyés en exil, les frontières
sont fermées au vu de l'hémorragie démographique et économique que la
répression a suscitée, les enfants doivent obligatoirement être
enseignés dans la religion du Roi. La révocation de l'édit de Nantes
manifeste l'instauration en France d'un catholicisme rigoureux, du
moins en apparence. Sur les conseils de son entourage, Louis XIV décide
d'extirper l'hérésie protestante de son royaume. Il reproche aux
"huguenots" leur sympathie pour l'Angleterre et les Provinces-Unies des
Pays-Bas.
Le 16 octobre 1685, Louis XIV signe l'Edit de
Fontainebleau (Révocation de l'Edit de Nantes), il n'y a plus de
protestants, tout le royaume se partage entre "Anciens Catholiques" et
"Nouveaux Convertis".
Cette période ne prendra fin qu'avec l'
"Edit du roi, Louis XVI, concernant ceux qui ne font pas profession de la religion catholique" dit aussi
Edit de Tolérance signé à Versailles le 7 novembre 1787.
Il
faudra attendre la Révolution Française (1789) pour que soient
proclamés la liberté de conscience et le libre exercice du culte.
Les Camisards dans les Cévennes et en Vivarais
Les Cévennes vont être le théâtre de la
Guerre des Camisards (dont
un récit minutieux a été fait par Antoine Court lui-même). Il s'agit
d'un soulèvement armé pour tenter de retrouver la liberté de culte,
elle opposera quelque 3.000 protestants des Cévennes, les Camisards
ayant Abraham Mazel à sa tête, à environ 30.000 soldats du pouvoir
royal, de 1702 à 1704, sans réussir à fléchir l'intolérance et la
répression.
L'Édit de tolérance,
signé par Louis XVI en 1787, l'
Edit de Tolérance,
permit aux personnes non catholiques de bénéficier de l'état civil sans
l'obligation de se convertir au catholicisme. Les principaux concernés
furent les protestants (les juifs n'étaient pas sujets du roi de
France).
ll ne s'agissait donc aucunement d'une
reconnaissance de la religion protestante (il faudra attendre deux ans
de plus, avec la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de
1789 proclamant la liberté religieuse), mais d'une étape importante
dans la pacification religieuse du pays : la fin officielle des
persécutions.
La majorité des protestants accueille ce
texte favorablement et nombreux sont ceux qui viennent régulariser
devant les juges leur mariage au Désert et la naissance de leurs
enfants.
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