L'abbaye de Mazan

UNE ABBAYE CISTERCIENNE



L’ordre cistercien fondé en 1098 né en Bourgogne possède plusieurs filiales en Ardèche, la plus proche de nous et non des moindres, est l’abbaye de Mazan, située dans le village du même nom. Il est logique que plusieurs maisons de l’ordre cistercien (voir aussi l’abbaye des Chambons, commune de Borne, sur le Tanargue) se trouvent en Montagne ardéchoise, car ce nouvel ordre en recherche d’espace et de tranquillité ne pouvait manquer d’être attiré par les solitudes de ce plateau d’altitude. Fondée au début du XII° siècle, cette abbaye nous laisse au cœur du village des vestiges monumentaux (classés monuments historiques).





L a fondation a lieu entre 1119 et 1122 :des chanoines viennent s'installer sur le lieu du Mas d'Adam (toponyme qui va évoluer vers MAZAN, et sont rejoints par des moines venus de l'abbaye de Bonnevaux. Ces religieux édifient une immense abbaye, dont il ne reste aujourd'hui que les vestiges, qui connaît une période d'apogée qui dure jusqu'à la guerre de Cent ans.
Elle fut l’une des plus puissantes institutions religieuses du Vivarais ; elle possédait de nombreux domaines, dont on retrouve les traces à travers de nombreuses granges et surtout l’immense et très belle forêt domaniale.

Elle fut la mère de quatre abbayes dont la renommée n’est plus à faire : Bonneval, Sylvanès, le Thoronet et Sénanque. Après cette période prospère, les malheurs se succèdent à l'abbaye de Mazan : elle est pillée par les grandes compagnies de la guerre de Cent Ans, puis attaquée par les huguenots à la période moderne. Sur place, vous pouvez admirer les restes de l’église abbatiale aux proportions gigantesques (plus de 50 m de long), ainsi que de certains bâtiments conventuels et surtout un magnifique cloître roman, dont une seule galerie est conservée mais qui vaut le détour par la finesse de l’ornementation des colonnettes. L’abbaye a subi les assauts des siècles, notamment à la fin du Moyen-Age où s’abattent sur elle les Malheurs du Temps (peste, famine, guerre de Cent ans, désordres dus au grand schisme, …). Le début de la période moderne, loin d’apporter une amélioration ne fait qu’aggraver les choses.

 Les dons de terres de la part des grands seigneurs vivarois sont très nombreux au cours des XIIe et XIIIe siècles et les possessions de l'abbaye s'accroissent considérablement. Des « granges », c'est-à-dire des domaines agricoles, sont établies dans le Vivarais méridional, là où la terre est plus fertile et le climat moins rude que sur la Montagne. C'est par exemple la grange du Cheylard à Aubenas ou la grange de Berg. On sait que cette dernière, placée en 1284 par l'abbé de Mazan sous la sauvegarde du roi de France, sera pour ce dernier l'occasion de pénétrer en Vivarais et donnera ensuite naissance à Villeneuve-de-Berg.
Cette période d'expansion, correspondant à ce qu'on a pu appeler « l'âge d'or des abbayes cisterciennes »







Bien qu’éloignée du cadre des guerres de religion, l’abbaye en fait les frais. D’ailleurs, selon la légende, les moines auraient dissimulé leurs richesses dans une cloche dont la cachette reste encore à découvrir. Ne nous y méprenons pas, ce type de légende est fréquente mais peu d’entre elles ont réellement amené à la découverte d’un trésor. Comme beaucoup d’établissements monastiques, l’abbaye est abandonnée à la Révolution Française.

 Mazan végéta alors assez misérablement jusqu'à la veille de la Révolution. Déjà en 1661, le « verbal de visite » étudié par le père Jouffre présente les bâtiments dans un état de décrépitude avancée ; l'abbaye n'abritait plus alors qu'une douzaine de moines.

 Ils n'étaient plus que six au moment de la Révolution. Le 13 février 1790, l'Assemblée nationale décréta la suppression des ordres religieux, consacrant ainsi la fin officielle de l'ordre de Cîteaux. Elle avait auparavant décidé que « tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation ». Tous les bâtiments de l'abbaye furent donc vendus comme biens nationaux, mais ne subirent pas de dégradations. Quant aux quelques religieux encore présents à Mazan, ils demandèrent à rentrer dans leur famille.



Et dans le courant du XIXe siècle commence le dépeçage de l'abbaye...

 En 1843 on décide d'édifier une nouvelle église paroissiale pour suppléer l'abbatiale, qui joue ce rôle depuis la Révolution, mais qui est jugée trop vaste et trop humide. Le nouveau bâtiment est élevé à la place de la boulangerie des moines et, avec l'accord de l'évêque de Viviers, on emprunte des pierres à l'abbaye pour le construire ! L'exemple étant ainsi donné, ce sont ensuite les habitants du village qui continuèrent à l'utiliser comme carrière pour construire leurs propres habitations.
Naturellement, les lauzes de couverture firent partie des matériaux récupérés et en 1878, A. Mazon pouvait écrire6 :
« La toiture qui recouvrait la voûte ayant été pillée, celle-ci présente à l'extérieur l'aspect d'une prairie ou d'un jardin suspendu. » Et il en décrit ainsi l'intérieur :« Les dalles disparues sont remplacées par un véritable bourbier où picorent une légion de poules, où grognent les porcs et dont le plus malheureux de nos paysans ne voudrait pas pour son habitation. (…) La vieille basilique de Mazan est aujourd'hui un hangar, moins que cela, une écurie. » Un peu plus loin, il ajoute : « Le gros de l'édifice, qui a déjà subi de graves avaries depuis 1859, résistera peut-être encore un certain temps, grâce à la solidité de sa construction, mais il est évident qu'à défaut de réparations qu'on ne fera pas, parce qu'elles représenteraient aujourd'hui une somme trop considérable, son écroulement n'est plus qu'une question d'années. Un beau jour, on entendra dire que la voûte est tombée, puis les piliers, puis les murs. Dans un demi-siècle, on y sèmera des pommes de terre ou des raves et la pioche du paysan y heurtera le cercueil de quelque vieil abbé mitré qui se redressera peut-être en lui criant : Barbare ! »


Mais on n'avait pas fini de s'acharner sur ce malheureux monument, dont la solidité, notée par Mazon, était telle qu'en dépit de tous les avatars subis, les voûtes des nefs et la coupole du transept étaient encore en place au début du XXe siècle. On s'employa donc, en 1905, à poursuivre l'œuvre de destruction en dynamitant la voûte pour des raisons de sécurité dit-on. C'était plus simple que de la consolider…

La nef centrale, couverte d'un berceau brisé
Les ruines de l'abbatiale et la galerie ouest du cloître heureusement conservée ont été dégagées et consolidées entre 1967 et 1980. Récemment une partie des bâtiments conventuels depuis longtemps transformés en habitation a été dégagée.
Les vestiges ont été classés monument historique en 1946.

L'église abbatiale

C'était la plus vaste et certainement l'une des plus belles du Vivarais. Elle était longue de 52 m et large de 24 m au niveau du transept


 



 


Le cloître

Mutilé et détruit aux trois quarts lorsqu'il fut transformé en cimetière communal, le cloître a été partiellement dégagé et consolidé par Robert Saint-Jean en 1972-1973.  Seule la galerie occidentale et le pavillon du lavabo, dans l'angle sud-ouest, ont été conservés.
R. Saint-Jean décrit ainsi cette galerie occidentale : « Voûtée en berceau brisé, elle aligne sur 28 mètres sept arcades géminées qui reposent alternativement sur des piliers carrés et des colonnes jumelées toutes disparues, mais dont des éléments, fûts et chapiteaux, ont été retrouvés au cours des travaux. Construits en granit, ces piliers sont cantonnés de minces colonnettes engagées taillées dans la masse […]. Leurs petits chapiteaux, pris également dans la masse du pilier, sont ornés de motifs très simples, traités en faible relief : feuilles stylisées, palmettes, oiseaux affrontés, petit masque. »

 

En Ardèche, Un parcours artistique à ciel ouvert a vu le jour cet été dans les Monts d'Ardèche. Baptisé "Le partage des eaux", il matérialise la ligne invisible séparant les bassins méditerranéen et atlantique. Un fabuleux projet.

La ligne invisible de partage des eaux sépare le bassin méditerranéen du bassin atlantique. Cette ligne qui traverse les Monts d'Ardèche a naturellement inspiré le Partage des Eaux, parcours artistique à ciel ouvert qui vient de voir le jour.


Escale à l'abbaye de Mazan et présentation de l'oeuvre de Felice Varini.

 Felice Varini a tracé Un cercle et mille fragments à la feuille d'or sur le site de l'abbaye de Mazan, l'ensemble se révélant par anamorphose à partir d'un point précis.



 





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