les croix de pierre

Croix de chemins, croix des rogations et de processions, croix de limites, croix de villages et de cimetières, croix des ponts, des sommets, des sources et des fontaines, croix de mémoire.





Le premier rôle d'une croix est de christianiser un lieu. Les croix de chemins témoignent donc avant tout de l'avancée du christianisme et de la présence de l'Église. C'est ce qui explique qu'un nombre important de menhirs ont été christianisés par l'adjonction d'une croix. On a dit que les autorités religieuses avaient cherché à détruire ces monuments pré-chrétiens; c'est en effet ce que plusieurs conciles ordonnent, mais, le plus souvent, on préféra récupérer ces objets de culte : il suffisait d'en changer la destination.
Les carrefours ont toujours fait l'objet d'une attention particulière. Il y a, en effet, un symbolisme de la croisée des chemins, et souvent les carrefours provoquent ce que l'on nomme chez nous une "peur". La croix fait donc office ici de talisman. Il ne faut pas négliger pour autant un rôle plus prosaïque d'indicateur : quand le croisement est sous la neige, la croix continue d'indiquer sa position.
Enfin, un certain nombre de croix de chemin sont aussi des croix sur la voie des morts. De la maison du défunt à l'église paroissiale, le convoi funéraire s'arrêtait à toutes les croix et l'on récitait quelques prières appropriées. 
Certaines croix de chemins servaient aussi aux processions, et notamment aux Rogations, fête aujourd'hui bien oubliée mais essentielle en milieu rural.
Les Rogations constituaient une fête liturgique s’échelonnant sur trois jours, du lundi au mercredi précédant l’Ascension. Ces Rogations, ou litanies mineures, furent instituées en 469 par saint Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné. Grégoire de Tours nous informe que l’usage fut introduit très tôt en Auvergne.
Curé en tête, la procession des paroissiens traversait le terroir de part en part, s’arrêtant aux croix pour bénir les prés et les champs. Chaque journée était consacrée, en principe, à la bénédiction d’un type particulier de culture : prés, champs, vignes ou quelque autre culture secondaire. Le but était évidemment de garantir, par des prières adéquates, la prospérité de la communauté villageoise en immunisant ses diverses productions contre les attaques des forces obscures. C’est pourquoi il importait aux paysans de disposer des croix aux endroits stratégiques, certes au bord des chemins, mais donnant sur les prés et les cultures. 
Il y avait cependant beaucoup d'autres occasions de fleurir les croix, car les processions étaient nombreuses. 

A partir du XVIIIe siècle surtout, les Missions se multiplient dans les paroisses. Là encore on processionne largement puis, pour fêter dignement la clôture de la Mission, on érige une croix dans un grand concours de foule.
Croix des ponts, des sommets, des sources et des fontaines
Chaque point important du paysage fait l'objet d'une christianisation.

Depuis la plus haute antiquité, la croix est un des symboles le plus utilisé par tous les hommes.
Le symbole de la branche horizontale est la mort, celui de la branche verticale, la vie;
les 4 extrémités représentent les 4 points cardinaux, les 4 éléments, 4 saisons
Que l'on soit croyant ou incroyant, même (surtout!) sans mysticisme ou ésotérisme, ces créations humaines, croisées le long des chemins, nous émeuvent, surtout si elles sont  anciennes, car elles sont chargées de tout l'imaginaire et de toute la foi de nos ancêtres parfois très proches

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